J’ai un parcours de transclasse. Toujours entre deux… Pourquoi est-ce si inconfortable ?
1 février 2022 2023-07-16 16:32J’ai un parcours de transclasse. Toujours entre deux… Pourquoi est-ce si inconfortable ?
J’ai un parcours de transclasse. Toujours entre deux… Pourquoi est-ce si inconfortable ?
J’ai un parcours de transclasse. Toujours entre deux… Pourquoi est-ce si inconfortable ?
« La première fois que j’ai été en déplacement, cela m’a fait bizarre de dépenser l’équivalent du salaire de ma mère en deux jours. Soit tout juste le SMIC… Billet d’avion, voiture de location, un bel hôtel…. J’avais l’impression que c’était trop pour moi… »
« Quand je reviens dans ma cité d’enfance, je reprends les codes. La manière de parler surtout. Je n’assume pas pleinement d’avoir évolué ».
« En réunion, j’ai l’impression d’être inférieure aux autres. Mes collègues sont surs d’eux, confiants. Moi, c’est comme si j’avais une étiquette collée sur mon front qui disait que je n’étais pas des leurs ».
Ce sentiment d’être en décalage, de naviguer entre deux mondes, de ne pas vraiment se sentir à sa place reflètent le conflit interne que vit un transclasse. Cela n’est pas sans conséquence dans le quotidien professionnel : syndrome de l’imposteur, sentiment constant de devoir faire ces preuves, surinvestissement, difficultés à s’affirmer et assumer ses points de vue. Assez lourd à porter, non ?
Comment la psychologie peut aider à mieux vivre cette position particulière ?
Démarrons déjà par des éléments de définition. C’est quoi un exactement un transclasse ? Dans un deuxième temps, je vous partagerai les 5 mécanismes les plus fréquents que j’observe lors de mes accompagnements.
TRANSCLASSE, TRANSFUGE DE CLASSE, TRANSFUGE SOCIAL : DES MOTS DIFFÉRENTS POUR EXPLIQUER UN MÊME PHÉNOMÈNE
Définition
Chantal Jaquet, philosophe et auteur de la « les transclasses ou la Non Reproduction », parle de transclasse pour désigner une personne qui a vécu une ascension sociale. Par exemple, grandir dans un milieu modeste, faire des études et évoluer sur un poste de cadre supérieur. Ou encore d’avoir une évolution, de « gravir les échelons » au sein de son organisation. Passer d’un poste technique à un poste de manager
7 enfants de cadres sur 10 deviennent cadres. C’est la même proportion pour les enfants d’ouvriers : 7 enfants sur 10 occupent un emploi d’exécution
Camille Peugny, sociologue, a conduit des travaux sur la reproduction sociale. Ces chiffres traduisent une mobilité sociale restreinte. Chiffres restés stables entre 1980 et 2010…
Le transclasse : un entre deux mondes
Dans un article du Nouvel Observateur, Chantal Jaquet parle du tiraillement du transclasse. Ce dernier est :
« Dans un processus de dés-identification par rapport à son milieu d’origine, sans être parfaitement identifié à son milieu d’arrivée ». Il ou elle doit faire ses preuves tout mais aussi rester fidèle au milieu d’origine.
Lucie Goussard, sociologue, parle aussi de ce processus identitaire :
« Les cadres transfuges doivent faire l’apprentissage de codes sociaux qui leur paraissent parfois éloignés de ceux de leur classe d’origine. La peur de trahir leur classe traverse alors leur identité ».
Ce tiraillement peut être l’objet d’un conflit interne chez le transclasse : passer du Comité de Direction à un repas dans sa famille le soir même peut se révéler un exercice d’équilibriste !
ET LA PSYCHOLOGIE DANS TOUT ÇA ?
Le phénomène de transclasse est souvent évoqué sous l’angle sociologique. Cette citation de Lucie Goussard fait le pont entre la sociologie et la psychologie :
» Convaincus de ne pas être à la hauteur et craignant d’être démasqués, les cadres transfuges préfèrent souvent ne pas se mettre en avant en public. Dans leurs récits, les difficultés à communiquer sont souvent expliquées par un « manque de confiance en soi » qui fait lui-même écho au « sentiment d’imposture », caractéristique des cadres ayant accédé au statut de cadre en cours de vie professionnelle «
Pour ma part, voici les 5 mécanismes psychologiques que j’observe lors de mes accompagnements :
Les émotions sont liées au regard de l’autre
La honte quand j’observe que je suis en décalage ou que je n’ai pas les codes
La frustration ou colère quand je n’ose pas m’exprimer en réunion alors que j’ai les réponses
La tristesse quand je pense que je n’ai pas ma place
La dette inconsciente
Le fait d’avoir eu un nouveau poste ou une promotion induit une dette : on m’a fait confiance alors je me sens redevable à mon encadrement, à mon entreprise. En gros, j’ai de la chance d’avoir pu accéder à cette place… à cette classe. Cela peut conduire au sentiment de devoir constamment faire ses preuves.
Le surinvestissement
Comme évoqué plus tôt, le fait de se sentir chanceux ou chanceuse peut induire un investissement important (voir un surinvestissement) pour ne pas décevoir l’organisation et rassurer sur le choix effectué.
Le syndrome de l’imposteur
Impression de tromper son entourage, réussites attribuées à des facteurs externes, crainte d’être démasqué sont les caractéristiques du syndrome de l’imposteur. Le transclasse est aussi concerné par ce complexe, avec la particularité d’être dans un « entre deux » pas très confortable. Pour en savoir plus sur le syndrome de l’imposteur, vous pouvez consulter cet article en cliquant ici.
Un besoin de reconnaissance
Pour être rassuré sur sa place dans l’organisation, la réponse peut se trouver chez l’autre notamment lorsque l’estime de soi est peu élevée ou lorsque l’on manque de confiance. Un retour positif peut réconforter. Le risque est de dépendre de la considération de l’autre pour se sentir à sa place.
QUELLES PERSPECTIVES ?
Le tableau semble noir… Mais ce n’est pas une finalité. Le transclasse possède une multitude de ressources, qui demandent à être mises en valeur. Pour en arriver là il est, de nombreuses aptitudes et compétences ont été déployés : adaptabilité, persévérance, exigence, intelligence relationnelle, prise de hauteur… Et j’en passe.
Je vous propose de répondre aux 4 questions suivantes pour prendre un peu de recul.
Pour aller plus loin, un accompagnement par un psychologue, un thérapeute ou un coach selon la spécialité peut permettre de mieux vivre cette situation de transclasse. Pour :
- Assumer son parcours et mettre en évidence les temps forts
- Identifier et amplifier ses qualités et ressources
- Se détacher du poids du regard des autres
- S’affirmer dans ses relations
- Gagner en aisance lors de ses prises de parole
- Passer un cap pour dépasser le plafond de verre
- …
En conclusion, être transclasse n’est pas une finalité. Comprendre les mécanismes à l’œuvre peut permettre de se réconcilier avec son histoire et de voir son parcours avec un nouvel angle. Promis, il est possible de ressentir de la joie et de la fierté !
Et vous, quelle est l’expérience qui a généré le plus de fierté ?
Laetitia Parrenne – Fondatrice Humano Modo
Coaching Professionnel I Conseil I Formation
Bretagne – Grand Ouest – Ile de France & Intervention à Distance
E-mail : laetitia.parrenne@humano-modo.com
Site : www.humano-modo.com