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Dossier 1/3 – Les Risques Psychosociaux ou « RPS » : Définition et notions clés

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Risques psychosociaux et QVCT

Dossier 1/3 – Les Risques Psychosociaux ou « RPS » : Définition et notions clés

Les Risques Psychosociaux ou « RPS »  : Définition et notions clés

J’ai assisté à une conversation il y a peu de temps dans le métro. Deux collègues ou amis discutaient quand l’un d’eux a dit « je crois que je suis en RPS ». Son interlocutrice visiblement interloquée et gênée, lui a répondu « c’est quoi RPS ? »… Cela m’a donné l’idée de cet article. Quand on est consultant spécialisé en risques psychosociaux ou que l’on est actif dans son organisation sur le sujet, la réponse est plus aisée… La thématique étant complexe, une tentative de simplification pourrait rendre ce sujet, plus accessible et favoriser la sensibilisation.

Si vous souhaitez comprendre ce que sont les risques psychosociaux sans rentrer dans un jargon hyper technique mais appréhender le phénomène sans pour autant le minimiser, cet dossier est fait pour vous. Je vous propose une présentation succincte et abordable des risques psychosociaux, qui ciblera les points clés nécessaires à sa compréhension. Alors, à quoi renvoie les RPS ? Est-ce un risque individuel ? Cela concerne aussi la vie privée ? Quel est le rôle de l’entreprise sur le sujet ?

Pour y répondre, ce dossier comportera trois articles :
  1. Le premier ci-après : « Les Risques Psychosociaux ou « RPS » pour les non spécialistes : contexte d’émergence et définition »
  2. Le second : « Les Risques Psychosociaux ou « RPS » pour les non spécialistes : Aller plus loin dans la compréhension de ce phénomène complexe »
  3. Le troisième : « Les Risques Psychosociaux ou « RPS » pour les non spécialistes : Prévention individuelle, collective et collaborative »
Pour démarrer : comprendre le contexte d’apparition des risques psychosociaux

L’apparition des risques psychosociaux est associée aux mutations du monde du travail, évolutions progressives au cours des dernières décennies. Cela s’est traduit notamment par l’automatisation de l’activité, le développement des structures matricielles ou logique projet, le management à distance, l’introduction de nouvelles technologies de l’information et la communication sur le lieu de travail. Le développement de la polyvalence, l’intensification des rythmes de travail, la rationalisation des processus de travail font partis des phénomènes observables. Une étude de la DARES de 2015 met en exergue que la proportion de salariés qui déclarent que leur rythme de travail est imposé par une demande extérieure exigeant une réponse immédiate est passée de 28,3% en 1984 à 58% en 2013.

Ces phénomènes s’inscrivent dans une dynamique de recherche de rentabilité, de qualité, de performance et d’innovation permanente pour faire face à un contexte de concurrence nationale voire internationale. Cela n’est pas sans incidence pour certains travailleurs qui vivent des changements successifs dans leur organisation respective.

Le sens du travail peut être entaché et un conflit interne peut apparaitre mettant en parallèle le souhait d’épanouissement au travail, la possibilité de réaliser un travail bien fait, le besoin de reconnaissance existentielle et les contraintes posées par l’organisation qui réduisent la réalisation individuelle et collective. Concrètement, l’atteinte d’objectifs exigeants peut mettre en tension certains travailleurs qui se trouvent dans l’impossibilité de produire un travail de qualité. Soit ils compensent par l’élargissement de leurs horaires de travail ou bien choisissent de dégrader la qualité de leur production.

Un peu sombre comme tableau. Il décrit une réalité qui n’est toutefois pas généralisable. Toutes les organisations ne sont pas génératrices de risques psychosociaux bien heureusement et préservent leurs salariés d’un contexte professionnel de plus en plus exigeant. Plus largement, se pose la question de l’équilibre entre la place de l’Homme au travail et les exigences de production nécessaires au développement et la survie de l’entreprise. Toutes les organisations auront leur propre réponse et pratiques concernant le maintien d’un équilibre acceptable. Ainsi, dans un contexte de transformation temporairement difficile, ce qui pourra faire la différence (et cela n’engage que moi) c’est la considération et l’accompagnement humain des travailleurs durant cette période.

Définition des risques psychosociaux : de quoi s’agit-il enfin ?

Ce sont des risques liés au milieu professionnel. Pour l’Agence européenne pour la sécurité et la santé eu travail, les risques psychosociaux sont le résultat d’une mauvaise conception, organisation du travail ou gestion du travail et d’un contexte socioprofessionnel défavorable. Ils peuvent avoir des conséquences psychologiques, physiques et sociales négatives, telles que le stress occasionné par le travail, le surmenage ou la dépression.

On comprend qu’un contexte professionnel particulier (facteurs de risque) peut entrainer effectivement des  dommages, des troubles  (manifestations) d’ordre psychique, physique, comportemental et social pour un travailleur exposé mais aussi des conséquences pour l’employeur.

Notions centrales : facteurs de risques et manifestations 
On entend par contexte professionnel particulier, une situation favorisant l’existence de facteurs de risque. Les référentiels existants (INRS, ANACT, rapport Collège d’expertise sur le suivi des RPS, IRSST…) s’accordent sur les facteurs suivants :

  • Autonomie et marges de manœuvres.
  • Demande psychologique et charge de travail.
  • Exigences émotionnelles.
  • Relations sociales au travail (équipe, management, relations transverses, relation projet, dialogue social).
  • Exigence de l’organisation du travail.
  • Contexte de changement et accompagnement.
  • Reconnaissance et possibilité d’évolution professionnelle.
  • Valeurs et sens du travail.
  • Sécurité de la situation de travail et contexte de l’entreprise.
  • Environnement du travail, moyens et outils.
  • Équilibre des sphères de vie (sphère privée, sphère  sociale et sphère  professionnelle).
On entend par dommages, des manifestations portant atteinte à la santé mentale des individus à plus ou moins long terme mais aussi l’organisation. On identifie :

  • Des manifestations psychiques individuelles et pouvant être collectives : stress, burn out, troubles du sommeil, stress post-traumatique, comportements addictifs, harcèlement moral).
  • Des manifestations relatives à un collectif de travail (violences et agressions sur le lieu de travail par des clients internes ou externes tensions relationnelles et conflits, communication rompue, rétention d’informations, sabotages, mécanismes d’exclusion….).
  • Des manifestations pouvant impliquer des changements comportementaux (baisse de l’investissement dans le travail, absentéisme, isolement social…).
  • L’organisation est également impactée de façon directe ou indirecte (baisse de la productivité, diminution de la motivation du personnel, moindre qualité du travail,  gestion de l’absentéisme, du turn over…).

Remarque : Les facteurs (colonne de gauche) sont volontairement écrits de façon neutre car tournés négativement, ce sont des facteurs de risque et tournés positivement, ils constituent des facteurs ressources et générateurs de bien-être au travail, aussi appelés « noyaux positifs » dans l’approche Appreciative Inquiry.

Ainsi, reconnaitre cette dualité, valoriser ce qui fonctionne bien dans une organisation et agir sur la situation à risque est complémentaire. De plus, c’est souvent à partir de la ressource actuelle ou passée qu’émerge la possibilité d’actions et de changement. Il est aussi important pour les organisations et équipes qui fonctionnent bien, de comprendre pourquoi afin de veiller au maintien des ressources positives structurantes.

Pour conclure

Nous avons passé en revue le contexte d’émergence des risques psychosociaux, sa définition ainsi que les notions de facteurs de risque et manifestations qui sont structurantes. Ces premiers éléments permettent de se familiariser avec les termes incontournables.

Dans le prochain article « Les Risques Psychosociaux ou « RPS » pour les non spécialistes : Aller plus loin dans la compréhension de ce phénomène complexe », nous verrons pourquoi au-delà des définitions, l’appréhension des risques psychosociaux nécessite le développement d’un regard et d’une posture particulière, notamment pour dépasser une analyse linéaire et unicausale entre les facteurs de risque et les manifestations.

Laetitia Parrenne – Fondatrice Humano Modo
Partenaire de vos transformations : organisationnelle, individuelle et humaine
Executive Coaching I Conseil I Formation
E-mail : laetitia.parrenne@humano-modo.com
Site : www.humano-modo.com

 

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